Christine Cloarec-Le Nabour
Députée de la 5ème Circonscription d'Ille-et-Vilaine

STRATEGIE VACCINALE : ELEMENTS DE REPONSE.

À l'Assemblée Nationale

La stratégie vaccinale de la France fait aujourd’hui l’objet de vives discussions. Seul moyen de nous sortir de la crise au moyen-long terme, la vaccination reste l’objet d’idées reçues à déconstruire.

Je vous propose de répondre à quelques questions :

Pourquoi la stratégie vaccinale de la France a mis du temps à démarrer ?

Le Gouvernement français a décidé de prendre du temps afin d’éviter les erreurs, d’engager une vraie pédagogie sur le vaccin mais également obtenir le consentement des personnes les plus à risque et les plus fragiles.

Le choix a été fait de démarrer progressivement afin d’accompagner au mieux les personnes âgées dans les EHPAD vers la vaccination. Les personnes âgées n’ont pas eu à se déplacer pour se faire vacciner, les vaccins ont été apportés directement dans les EHPAD ; et toutes les dates de campagnes de vaccination ont été fixées dans chacun des 8 000 EHPAD.

Les professionnels de santé consultés pour l’élaboration de la stratégie vaccinale ont évoqué certains pré-requis afin de proposer un environnement sécurisé aux personnes : recueil du consentement, contact avec les familles lorsque le consentement de la personne est plus difficile à obtenir, consultations pré-vaccinales avec un médecin afin de s’assurer de l’état de santé... Ce temps est nécessaire pour rassurer les résidents en EHPAD et leurs familles et gagner une adhésion massive à la vaccination.

La France ne réagit pas de la même manière que ses voisins, certes. Mais il faut rappeler qu’on ne peut juger le succès d’une telle campagne de plusieurs mois, sur seulement quelques jours. Le Gouvernement a pour objectif qu’un million de personnes soient vaccinées dès la fin du mois de février. C’est une promesse haute, que nous suivrons de près en tant que parlementaires. Nous appelons à la patience, et à la confiance.

Quelles sont les étapes de la stratégie de vaccination ?

La Haute Autorité de la Santé a établi un ordre de priorités pour la vaccination des françaises et des français, qui répond aux trois phases définis par la France :

  1. En janvier a débuté la première phase durant laquelle les personnes âgées en EHPAD, les personnes de plus de 75 ans, les professionnels de santé, les aides à domicile, les pompiers, les personnes handicapées en établissement spécialisé, et les ambulanciers âgés de plus de 50 ans ou les personnes représentant des risques de développer une forme grave de la Covid peuvent se faire vacciner.
  2. La seconde phase débutera dans le courant du mois de février et concernera les personnes âgées entre 65 et 74 ans.
  3. La 3ème phase, qui s’ouvrira au printemps, concernera toute la population majeure en commençant en priorité par les personnes âgées de 50 à 64 ans. Les français recevront des bons de l’Assurance maladie les invitant à se faire vacciner.

La décision du Gouvernement d’accélérer la campagne vaccinale a porté ses fruits : plus de 580 000 personnes ont été vaccinées à ce jour, et d’ici la fin du mois de février 2,5 millions seront vaccinées. A cette échéance, la France aura vacciné autant de personnes que ses voisins européens au prorata de sa population.

Une cible d’un minimum de 15 millions de personnes vaccinées d’ici l’été a été fixée par le Gouvernement, c’est-à-dire la population des plus de 65 ans et les personnes ayant des "comorbidités".

Quel est le parcours vaccinal pour le patient ?

La prise de rendez-vous peut se faire de deux manières :

  • En ligne sur le site internet www.sante.fr , où se trouvent également l’adresse et le numéro de téléphone du centre le plus proche de chez soi ;
  • Par téléphone au numéro vert national 0800 009 110 (ouvert tous les jours de 6h à 22h), qui oriente vers l’un des 800 centres de vaccination le plus proche afin de prendre rendez-vous.

La consultation d’un médecin traitant en amont de la vaccination n’est pas obligatoire, sauf pour les personnes qui présenteraient une pathologie à très haut risque. Dans les centres de vaccination, des médecins sont présents pour répondre aux questions et un entretien médical sera effectué directement sur place pour vérifier qu’il n’y aucune contre-indication.

Dans les centres, l’accueil se fait par un infirmier ou une infirmière qui prend les informations et remplit un court questionnaire permettant de s’assurer que la personne peut être vaccinée. Une fois le questionnaire remplit, un médecin vérifie que tout est en ordre avant de donner un avis favorable.

Le vaccin est injecté dans le haut du bras (au niveau du muscle deltoïde qui est le muscle de l’épaule). Par mesure de précaution, la personne reste 15 minutes sur place après l’injection. Le rendez-vous pour la seconde injection est pris immédiatement pour une date fixée 27 jours plus tard, à plus ou moins un jour.

Serons-nous obligés de nous faire vacciner ?

Absolument pas ! Le Président de la République et le Ministre des Solidarités et de la Santé l’ont rappelé, aucun français ne sera forcé à se faire vacciner.

Se faire vacciner ou non restera un choix personnel, les consultations pré-vaccinales qui ont lieu actuellement servent, en ce sens, à vérifier l’absence de contre-indication et à recueillir le consentement clair.

A ce titre, la stratégie vaccinale de la France s’appuie sur trois principes fondamentaux :

  • La gratuité
  • Le libre choix
  • La transparence et la participation citoyenne

Il est aussi important de rappeler que c’est la mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs mondiaux de la recherche et de la science qui a permis de développer des vaccins dans des délais inédits et d’entamer une campagne de vaccination environ un an après l’apparition du virus. Lors de la Grippe A (H1N1) en 2009, les vaccins ont été développés dans les mois qui ont suivi l’émergence du virus. Il est temps de faire confiance aux scientifiques et à la coordination internationale.

Pourquoi ne pas vacciner tout le monde tout de suite ?

La France n’a pas encore de quoi vacciner 67 millions de français. La campagne de vaccination durera jusqu’à l’été, à mesure que les différents vaccins seront autorisés et que les doses seront livrées. Aujourd’hui, seulement deux vaccins sur cinq sont autorisés.

Considérant ces faits, il a été privilégié de vacciner en priorité les personnes les plus vulnérables, celles pouvant développer des formes graves de la Covid. Ouvrir la vaccination à tous reviendrait à permettre à des personnes moins fragiles de passer devant des personnes à risque. Ce ne serait pas juste !

De plus, nous savons que les premiers vaccins ont la capacité de protéger des formes graves, mais les scientifiques ne savent pas encore s’ils ont la propriété de supprimer la contagiosité . Ainsi, commencer par les plus jeunes ou les personnes sans facteur de risque pourrait être inutile.

Les personnes vaccinées seront-elles fichées ?

Non, il n’y aura pas de fichier pour détecter les personnes non vaccinées et les personnes vaccinées.

Néanmoins, face à une épidémie nouvelle et pour suivre les effets d’un nouveau vaccin, il est important de suivre l’impact sanitaire de la vaccination dans la population. La pharmacovigilance permet, en ce sens, de connaitre le nombre de personnes vaccinées, de savoir si ces personnes recontracteront le virus ou si elles présentent une résistance plus ou moins forte à la maladie.

Pour cela, l’Assurance Maladie a conçu un système d’information qui permettra de partager ces renseignements dans le respect de la confidentialité des données personnelles et médicales. La création de ce système d’information a été soumis à l’avis de la CNIL qui a rendu sa décision le 10 décembre 2020 .  et a été pris en compte dans la conception du système.

Toutes les données seront "pseudonymisées" et anonymisées et chaque personne vaccinée sera informée des données qui seront saisies.

Comment s’est décidée la mise sur le marché des vaccins ?

En juin 2020, à l’initiative de la France, une équipe de négociation européenne a été lancée, ce qui a permis de constituer un portefeuille large de vaccins, identique pour tous les pays européens.

Cet accord sur une acquisition conjointe des vaccins a permis d’éviter toute logique de « premier arrivé, premier servi » ; ainsi, les contrats d’approvisionnement ont été signés avec des quantités fixées au prorata des populations des Etats, soit 15% pour la France. Notre pays bénéficiera d’un potentiel de 200 millions de doses, qui permettra de faire vacciner 100 millions de personnes.

Enfin, il est important de savoir que la décision d’autoriser un vaccin est encadrée par l’Agence Européenne du Médicament. C’est cette instance indépendante qui ordonnera l’autorisation des 5 vaccins qui devraient arriver sur le marché au premier semestre 2021. Le 21 décembre, c’est le vaccin développé par Pfizer-BioNTech qui s’est vu autorisé suivi le 6 janvier du vaccin développé par Moderna. Le prochain vaccin à être autorisé sera celui d’AstraZeneca, d’ici la fin du mois de janvier. Les vaccins de Curevac et Janssen devraient voir le jour en suivant.

Qu’en est-il du passeport vaccinal ?

Il est aujourd’hui prématuré de se positionner sur une telle mesure. Les contraintes sanitaires que nous connaissons sont justifiées par le fait que nous pouvons être contaminés, contagieux et contaminants .

En l’état actuel de nos connaissances, nous n’avons aucune certitude sur le fait que les vaccins empêchent les transmissions . Les personnes vaccinées devront donc porter un masque et respecter les gestes barrières. Il n’est donc pas possible d’autoriser certaines personnes vaccinées à se déplacer sans respect des contraintes, alors qu’elles font potentiellement courir un risque aux personnes avec qui elles entrent en contact.

Il est trop tôt pour prendre des décisions ou se positionner sur ce sujet. Par ailleurs, pour des questions éthiques – un passeport vaccinal entrainerait une asymétrie des droits entre les citoyens – une telle mesure devrait être étudiée avec précaution et recourir à l’avis d’experts.

Quelles sont les informations sur les variants britanniques et sud-africains dont nous disposons quel est notre plan d’action ?

Les virus évoluent constamment par mutations de leur génome. C’est pour cette raison que l’apparition de variants au SARS-CoV-2 n’est pas un phénomène inattendu. Deux nouveaux variants ont été identifiés : la VOC 202012/01 au Royaume-Uni et la 501Y.V2 en Afrique du Sud.

Les premières estimations réalisées font état d’un niveau de circulation du variant autour de 1 à 2% de l’ensemble des cas positifs. A ce jour, il n’y a pas d’éléments en faveur d’une sévérité accrue chez les personnes infectées par ces variants, et il n’y a pas d’éléments en faveur d’une capacité de ce variant à échapper à la réponse immunitaire induite par les vaccins Covid-19.

Le Gouvernement est très vigilant sur leur circulation. Les ARS et l’Assurance Maladie sont également mobilisées pour remonter le plus rapidement possible chaque chaîne de contamination associée à un variant, qu’elle soit confirmée ou suspectée, avec un travail d’enquête de tracing renforcé et la priorisation des visites à domicile pour les personnes contaminées.

En ce qui concerne les masques, il est conseillé d’utiliser les masques en tissus de catégorie 1 (que sont la majorité des masques commercialisés en France, et ceux distribués par l’Etat), et d’éviter les masques faits maison. Nous devons toutes et tous être vigilants.

Vous avez d'autres questions sur la stratégie vaccinale ? Envoyez les à : [email protected] .


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